Echange 3 (elle)

Il lui a envoyé son chapitre, elle l’a lu. Elle reste pensive. Auraient-ils la même conception de la sensualité ? Le goût, le toucher, les odeurs… Elle comprend mieux son besoin de « sentir » une peau, sa texture, sa chaleur, sa douceur ou fermeté.


Très cher Blasons,

Sachez qu’un lion ne dévore pas ses jouets, sauf pour répondre au besoin naturel de se nourrir. Il ne tue que lorsqu’il a faim ! Pour se divertir, il préfère lacérer d’un seul coup de patte, laissant agoniser, sous ses yeux, ses victimes…


Il lui laisse une ouverture, un fil conducteur : cuisine, gastronomie.

Elle a envie de lui dire que c’est une hédoniste et que la gastronomie, à préparer, à déguster, est un de ses grands plaisirs.

Elle a grandi dans les cuisines du restaurant de sa grand-mère. Petite, elle était fascinée par le gigantesque piano, le billot encadré par deux panoplies de couteaux dépareillés et les collections de casseroles en cuivre. Elle se disait que mamie Charlotte avait la force d’un titan pour soulever d’une main ses lourdes poêles, pour aiguiser ses couteaux au fusil si vite, si fort, sans jamais se couper.

Au fil des années, elle lui a montré comment faire d’une sauce un élixir, juste avec son cœur, son nez et ses yeux. « Jamais de farine dans une sauce, ma fille, c’est pour le bétail ! ». Comment nettoyer et préparer des poireaux, découper une volaille, présenter un poisson… Une cuisine simple avec des ingrédients sains. Se lever tôt et accompagner sa grand-mère au marché, tâter les produits, en choisir les meilleurs, penser la carte du jour en fonction des produits frais ramenés…

Pas de recettes, jamais de dosages, au flair, à l’instinct.

Le gout, les arômes, les odeurs… Aujourd’hui encore, elle pense souvent à sa grand-mère. Une femme de caractère, normande, décidée et décideuse. C’est elle qui lui a légué son tempérament, ses talents culinaires et sa force.

*****

Elle est rentrée tard, hier soir, très tard ! Bizarre, cette envie de s’allonger tout contre lui, de le retrouver endormi, de vouloir se glisser entre ses bras, comme une enfant ! Un manque, un besoin ? Elle s’est réveillée plusieurs fois, avec toujours la même envie tenace de sa personne, besoin qu’il la rassure, qu’il l’apaise, qu’il la calme… Lui et pas un autre…Étrange, elle ne le connaît pas. Elle aurait pu, pourtant, rentrer de cette soirée, accompagnée. Elle aurait même pu choisir son partenaire, pour la nuit, aux vues des sollicitations qui lui ont été faites. Mais non. Envie d’autre chose.

Cela fait une semaine, que leur nouveau jeu a débuté. Le perçoit elle mieux ? A peine. Ce qui lui paraît curieux, c’est l’intérêt qu’elle accorde à cet échange. Un lien l’attire vers lui. Lequel ? Elle ne sait pas. Le jeu, la curiosité, la découverte : probablement. Comme un ensorcellement !

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